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 Lebanon

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alain
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PostSubject: Lebanon   Lebanon EmptySat 29 Jul - 15:21

http://www.radioblogclub.com/search/0/nancy_ajram



http://en.wikipedia.org/wiki/Nancy_Ajram




http://www.nancyajramonline.com/




https://www.youtube.com/v/LLBUquQMP1g






j'aimerai bien que totoche trouve ce post Smile





par ailleurs je n'arrivais plus à savoir où je m'étais défoulé sur le sujet du Liban

ici , apparement

http://louisedesavoie.forumactif.com/viewtopic.forum?p=42470&highlight=#42470
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PostSubject: Re: Lebanon   Lebanon EmptyMon 31 Jul - 21:38

Je ne comprends même pas pourquoi , ils ont laissé passer cette tribune du mari de Clara Gnangnan , le lendemain du massacre de Cana ...


Quote :
le gouvernement d'Ehud Olmert est, par sa composition, l'un des plus pacifiques depuis la création de l'Etat

ça ne me semble quand même pas délibéré qu'ils voulaient le ridiculiser
.....

j'archive :

Quote :



Sharon, réveille-toi !
Par Marek HALTER

liberatin: Lundi 31 juillet 2006 - 06:00

Ariel Sharon savait que la force qui fait peur à l'adversaire est celle que l'on n'utilise pas. Clausewitz dit avec raison que la force utilisée n'est plus la force mais la violence. Les successeurs de Sharon pouvaient-ils poursuivre la même politique ? «Non, répond Hassan Nasrallah, le chef du Hezbollah libanais, dans le journal iranien Jomhouri-ye Eslami . Ils sont petits. Ils ne riposteront pas.» Hassan Nasrallah s'est trompé : les dirigeants israéliens ne pouvaient pas agir comme Sharon, non parce qu'ils sont «petits», mais parce qu'ils sont différents : c'est pour cela que les Israéliens les ont élus.
Ce n'est pas un hasard si le gouvernement d'Ehud Olmert est, par sa composition, l'un des plus pacifiques depuis la création de l'Etat : pas un seul général en son sein. Est-ce cela que Hassan Nasrallah a pris pour de la faiblesse ? Lorsqu'on lit soigneusement ses déclarations ainsi que les déclarations de Mahmoud Ahmadinejad, président de l'Iran, cela est évident. La réaction israélienne aux enlèvements des soldats les a beaucoup surpris. Ni le chef du Hezbollah ni son patron de Téhéran n'ont compris que, parce qu'ils avaient affaire à des pacifistes, ceux-ci se devaient de réagir vite et avec plus de violence que ne l'aurait peut-être fait Sharon : toute attente de leur part serait apparue comme une faiblesse ou une trahison. Clausewitz encore : «On voit à quel point il serait faux de réduire la guerre entre peuples évolués à un simple calcul rationnel de gouvernants qui s'affranchiraient progressivement des passions humaines...»
L'enlèvement du caporal Shalit par des groupuscules liés au Hamas pouvait, et devait, se résoudre rapidement par la négociation. Le conflit avec le Hezbollah pose un problème autrement plus grave à Israël. J'ai toujours soutenu que le problème palestinien ne trouvera une solution que dans la création d'un Etat indépendant, à l'instar et à côté de l'Etat juif. A cette fin, Ehud Olmert et Amir Peretz seront amenés, qu'ils le veuillent ou non, à négocier avec les dirigeants palestiniens. Peu importe que ceux-là s'appellent Mahmoud Abbas ou Ismaïl Haniyeh, qu'il s'agisse du Fatah ou du Hamas. C'est ainsi. Il ne nous est pas donné de choisir notre ennemi.
Côté libanais, le problème est tout autre. La politique chaotique des Etats-Unis dans la région a favorisé l'émergence d'une puissance régionale, l'Iran, qui veut à tout prix se doter d'une arme atomique pour élargir son influence dans le monde. Cette arme, les Iraniens la fabriqueront, que cela nous plaise ou non. Non, ce n'est pas l'arme atomique iranienne qui me fait peur. Au Rwanda, il n'y a pas si longtemps, on a massacré un million d'individus à coups de machette ! Au Darfour, on tue et on déplace des centaines de milliers de personnes à coups de fusil, voire de bâton. Ce qui me fait peur, en revanche, c'est la volonté affichée de la République islamique d'Iran de détruire l'Etat d'Israël.
J'appartiens à cette génération d'hommes qui a appris, à ses dépens, à croire ce que disent les dirigeants politiques. Surtout quand ils annoncent le pire et qu'ils sont apparemment suivis par des foules. Ainsi, quand Mahmoud Ahmadinejad enjoint aux Israéliens, devant les caméras du monde entier, de «préparer leurs valises, sinon ils seront exterminés» , je le crois. D'autant plus qu'il s'est doté des moyens pour réaliser son objectif grâce, notamment, à sa «légion étrangère», installée à la frontière nord d'Israël, le Hezbollah. Le quotidien arabe Al-Sharq al-Awsat , qui paraît à Londres, a publié ces jours-ci la liste impressionnante des armes, missiles et roquettes que le Hezbollah a installés le long de la frontière libanaise. Auxquels il faut ajouter la haine qu'il porte à Israël. J'avoue que pareille accumulation des armes et pareils discours m'angoissent. Désormais, ce n'est plus un conflit entre deux revendications nationales auxquelles, depuis des décennies, je m'emploie modestement à favoriser une issue politique. J'étais sur le point de me rendre à Damas pour rencontrer Khaled Mechaal, le chef historique du Hamas. Mais ce qui se passe à la jonction du Liban et d'Israël est d'une tout autre nature.
Le 12 juillet 2006, le quotidien iranien Jomhouri-ye Eslami publiait un discours du chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah : «Nous pouvons couvrir le nord d'Israël avec nos missiles et nos roquettes... Tout Israël est maintenant à portée de nos tirs. Cela comprend les ponts, les bases militaires, les complexes industriels... Je répète et je dis que notre stock d'armement est significatif aussi bien en quantité qu'en qualité... Plus de deux millions de Juifs vivent au nord de la Palestine, région remplie de centres touristiques, de zones agraires, d'aéroports et de bases militaires. C'est un avantage pour nous... Notre présence sur la frontière du Sud-Liban est pour nous une chance...» Comment Israël pouvait-il ne pas prendre au sérieux ce nouveau danger ?
La question qui, en Israël, se pose et se posera bientôt, dès l'arrêt des hostilités, concerne la stratégie employée. Fallait-il bombarder Beyrouth ou suffisait-il, après avoir demandé l'évacuation des villageois du Sud-Liban, d'arroser de bombes les bunkers du Hezbollah tout le long de la frontière ? En Israël, vraie démocratie, ce débat, j'en suis sûr, aura lieu.
En attendant, nous assistons à un double drame. Les images nous assaillent : 700 000 Libanais déracinés et, curieusement, le même nombre d'Israéliens qui ont quitté le nord de leur pays pour se réfugier plus au sud. J'ai assez manifesté pour l'indépendance du Liban pour comprendre la rage des Libanais. J'aime assez Israël pour comprendre le drame des Israéliens. Si cette guerre pouvait enclencher un processus qui n'aboutirait certes pas à la paix mais à une forme de coexistence ? Au cours de l'Histoire, bien des conflits se sont réglés dans l'urgence. Pourquoi pas celui-là ?
A l'heure où la communauté internationale, si elle existe comme telle, se mobilise, ne devrait-elle pas avant tout favoriser l'échange du soldat Shalit et des ministres du Hamas retenus en Israël ? A cette occasion, elle pourrait imposer une trêve entre l'Autorité palestinienne et Israël, trêve qui permettrait à Ehud Olmert d'engager un retrait de la Cisjordanie, premier pas vers la création d'un Etat palestinien.
Ne pourrait-on profiter de cette mobilisation internationale pour promouvoir les contacts entre la Syrie et Israël, résoudre leurs différends frontaliers et mettre fin à l'état de guerre ? N'est-il pas urgent d'intégrer la Syrie, seul îlot laïque dans la tempête des guerres religieuses, à un processus de paix au Proche-Orient ? Et enfin, penser déjà à reconstruire le Liban. Pourquoi pas avec l'aide d'Israël ? Reconstruire le Liban après avoir posté sur la frontière entre les deux Etats 10 000 et pourquoi pas 20 000 soldats d'une force internationale qui garantirait l'intégrité des frontières et la tranquillité des habitants qui, depuis le roi de Tyr et le roi Salomon, ont vécu en bonne entente.
Dernier ouvrage paru : Bethsabée ou l'Eloge de l'adultère , Pocket 2006, 117 pp. 4,80 euros.

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PostSubject: Re: Lebanon   Lebanon EmptySat 19 Aug - 22:37

épilogue

( provisoire )

http://klakendochen.free.fr/cocfps/borisvianledeserteur.mp3
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PostSubject: Re: Lebanon   Lebanon EmptySun 20 Aug - 15:26

j'ai passé un mois a essayer de ne pas "parler tout seul " ici , c'est tellement facile de le faire ,

.....
je m'accorde quand même le droit de copier / archiver ceci



Quote :
"Notre famille a perdu la guerre"
LE MONDE | 19.08.06 | 14h17 •

David Grossman
Quote :
Auteur d'une douzaine de romans traduits dans le monde entier, David Grossman est l'une des figures les plus marquantes de la littérature israélienne.

Né à Jérusalem en 1954, il s'est rendu célèbre avec sa première oeuvre, Le Vent jaune, dans laquelle il décrivait les souffrances imposées par l'occupation militaire israélienne aux Palestiniens.

Quelques jours avant la mort de son fils, il avait lancé, avec les écrivains Amos Oz et A. B. Yehoshua, d'abord dans une tribune publiée par Haaretz, puis lors d'une conférence de presse, un appel au gouvernement israélien pour qu'il mette fin aux opérations militaires au Liban. Les trois hommes de lettres, considérés comme proches du "camp de la paix", avaient soutenu la riposte à l'attaque du Hezbollah, mais estimaient inutile l'extension de l'offensive décidée le 9 août.

Principaux ouvrages de David Grossman en français (tous publiés au Seuil) : J'écoute mon corps (2005) ; L'Enfant zigzag (2004) ; Quelqu'un avec qui courir (2003) ; Chroniques d'une paix différée (avec Jean-Luc Allouche, 2003) ; Tu seras mon couteau (2000) ; Voir ci-dessous amour (1991) ; Le Vent jaune (1988).


Quote :
Mon cher Uri,

Voilà trois jours que presque chacune de nos pensées commence par une négation. Il ne viendra plus, nous ne parlerons plus, nous ne rirons plus. Il ne sera plus là, ce garçon au regard ironique et à l'extraordinaire sens de l'humour. Il ne sera plus là, le jeune homme à la sagesse bien plus profonde qu'elle ne l'est à cet âge, au sourire chaleureux, à l'appétit plein de santé. Elle ne sera plus, cette rare combinaison de détermination et de délicatesse. Absents désormais, son bon sens et son bon coeur.

Nous n'aurons plus l'infinie tendresse d'Uri, et la tranquillité avec laquelle il apaisait toutes les tempêtes. Nous ne regarderons plus ensemble les Simpson ou Seinfeld, nous n'écouterons plus avec toi Johnny Cash et nous ne sentirons plus ton étreinte forte. Nous ne te verrons plus marcher et parler avec ton frère aîné Yonatan en gesticulant avec fougue, et nous ne te verrons plus embrasser ta petite soeur Ruti que tu aimais tant.

Uri, mon amour, pendant toute ta brève existence, nous avons tous appris de toi. De ta force et de ta détermination à suivre ta voie, même sans possibilité de réussite. Nous avons suivi, stupéfaits, ta lutte pour être admis à la formation des chefs de char. Tu n'as pas cédé à l'avis de tes supérieurs, car tu savais pouvoir faire un bon chef et tu n'étais pas disposé à donner moins que ce dont tu étais capable. Et quand tu y es arrivé, j'ai pensé : voilà un garçon qui connaît de manière si simple et si lucide ses possibilités. Sans prétention, sans arrogance. Qui ne se laisse pas influencer par ce que les autres disent de lui. Qui trouve la force en lui-même.

Depuis ton enfance, tu étais déjà comme ça. Tu vivais en harmonie avec toi-même et avec ceux qui t'entouraient. Tu savais quelle était ta place, tu étais conscient d'être aimé, tu connaissais tes limites et tes vertus. Et en vérité, après avoir fait plier toute l'armée et avoir été nommé chef de char, il est apparu clairement quel type de chef et d'homme tu étais. Et aujourd'hui, nous écoutons tes amis et tes soldats parler du chef et de l'ami, celui qui se levait le premier pour tout organiser et qui n'allait se coucher que quand les autres dormaient déjà.

Et hier, à minuit, j'ai contemplé la maison, qui était plutôt en désordre après que des centaines de personnes étaient venues nous rendre visite pour nous consoler, et j'ai dit : il faudrait qu'Uri soit là pour nous aider à ranger.

Tu étais le gauchiste de ton bataillon, mais tu étais respecté, parce que tu restais sur tes positions sans renoncer à aucun de tes devoirs militaires. Je me souviens que tu m'avais expliqué ta "politique des barrages militaires", parce que toi aussi, tu y avais passé pas mal de temps, sur ces barrages. Tu disais que s'il y avait un enfant dans la voiture que tu venais d'arrêter, tu cherchais avant tout à le tranquilliser et à le faire rire. Et tu te rappelais ce garçonnet plus ou moins de l'âge de Ruti, et la peur que tu lui faisais, et combien il te détestait, avec raison. Pourtant tu faisais ton possible pour lui rendre plus facile ce moment terrible, tout en accomplissant ton devoir, sans compromis.

Quand tu es parti pour le Liban, ta mère a dit que la chose qu'elle redoutait le plus c'était ton "syndrome d'Elifelet". Nous avions très peur que, comme l'Elifelet de la chanson, tu te précipites au milieu de la mitraille pour sauver un blessé, que tu sois le premier à te porter volontaire pour le réapprovisionnement-des-munitions-épuisées-depuis-longtemps. Et que là-haut, au Liban, dans cette guerre si dure, tu ne te comportes comme tu l'avais fait toute ta vie, à la maison, à l'école et au service militaire, proposant de renoncer à une permission parce qu'un autre soldat en avait plus besoin que toi, ou parce que tel autre avait chez lui une situation plus difficile.

Tu étais pour moi un fils et un ami. Et c'était la même chose pour ta maman. Notre âme est liée à la tienne. Tu vivais en paix avec toi-même, tu étais de ces personnes auprès de qui il fait bon être. Je ne suis même pas capable de dire à haute voix à quel point tu étais pour moi "quelqu'un avec qui courir" (titre d'un des derniers romans de ).

Chaque fois que tu rentrais en permission, tu disais : viens, papa, qu'on parle. Habituellement, nous allions nous asseoir et discuter dans un restaurant. Tu me racontais tellement de choses, Uri, et j'étais fier d'avoir l'honneur d'être ton confident, que quelqu'un comme toi m'ait choisi.

Je me souviens de ton incertitude, une fois, à l'idée de punir un soldat qui avait enfreint la discipline. Combien tu as souffert parce que cette décision allait mettre en rage ceux qui étaient sous tes ordres et les autres chefs, bien plus indulgents que toi devant certaines infractions. Punir ce soldat t'a effectivement coûté beaucoup du point de vue des rapports humains, mais cet épisode précis s'est ensuite transformé en l'une des histoires cardinales de l'ensemble du bataillon, établissant certaines normes de comportement et de respect des règles. Et lors de ta dernière permission, tu m'as raconté, avec une fierté timide, que le commandant du bataillon, pendant une conversation avec quelques officiers nouvellement arrivés, avait cité ta décision en exemple de comportement juste de la part d'un chef.

Tu as illuminé notre vie, Uri. Ta mère et moi, nous t'avons élevé avec amour. C'était si facile de t'aimer de tout notre coeur, et je sais que toi aussi tu étais bien. Que ta courte vie a été belle. J'espère avoir été un père digne d'un fils tel que toi. Mais je sais qu'être le fils de Michal l'épouse de veut dire grandir avec une générosité, une grâce et un amour infini, et tu as reçu tout cela. Tu l'as reçu en abondance et tu as su l'apprécier, tu as su remercier, et rien de ce que tu as reçu n'était un dû à tes yeux.

En ces moments, je ne dirai rien de la guerre dans laquelle tu as été tué. Nous, notre famille, nous l'avons déjà perdue. Israël, à présent, va faire son examen de conscience, et nous nous renfermerons dans notre douleur, entourés de nos bons amis, abrités par l'amour immense de tant de gens que pour la plupart nous ne connaissons pas, et que je remercie pour leur soutien illimité.

Je voudrais tant que nous sachions nous donner les uns aux autres cet amour et cette solidarité à d'autres moments aussi. Telle est peut-être notre ressource nationale la plus particulière. C'est là notre grande richesse naturelle. Je voudrais tant que nous puissions nous montrer plus sensibles les uns envers les autres. Que nous puissions nous délivrer de la violence et de l'inimitié qui se sont infiltrées si profondément dans tous les aspects de nos vies. Que nous sachions nous raviser et nous sauver maintenant, juste au dernier moment, car des temps très durs nous attendent.


Je voudrais dire encore quelques mots. Uri était un garçon très israélien. Son nom même est très israélien et hébreu. Uri était un condensé de l'israélianité telle que j'aimerais la voir. Celle qui est désormais presque oubliée. Qui est souvent considérée comme une sorte de curiosité.

Parfois, en le regardant, je pensais que c'était un jeune homme un peu anachronique. Lui, Yonatan et Ruti. Des enfants des années 1950. Uri, avec son honnêteté totale et sa façon d'assumer la responsabilité de tout ce qui se passait autour de lui. Uri, toujours "en première ligne", sur qui on pouvait compter. Uri avec sa profonde sensibilité envers toutes les souffrances, tous les torts. Et capable de compassion. Ce mot me faisait penser à lui chaque fois qu'il me venait à l'esprit.

C'était un garçon qui avait des valeurs, terme tant galvaudé et tourné en dérision ces dernières années. Car dans notre monde dément, cruel et cynique, il n'est pas "cool" d'avoir des valeurs. Ou d'être humaniste. Ou sensible à la détresse d'autrui, même si autrui est ton ennemi sur le champ de bataille.

Mais j'ai appris d'Uri que l'on peut et l'on doit être tout cela à la fois. Que nous devons certes nous défendre. Mais ceci dans les deux sens : défendre nos vies, mais aussi s'obstiner à protéger notre âme, s'obstiner à la préserver de la tentation de la force et des pensées simplistes, de la défiguration du cynisme, de la contamination du coeur et du mépris de l'individu qui sont la vraie, grande malédiction de ceux qui vivent dans une zone de tragédie comme la nôtre.

Uri avait simplement le courage d'être lui-même, toujours, quelle que soit la situation, de trouver sa voix précise en tout ce qu'il disait et faisait, et c'est ce qui le protégeait de la contamination, de la défiguration et de la dégradation de l'âme.

Uri était aussi un garçon amusant, d'une drôlerie et d'une sagacité incroyables, et il est impossible de parler de lui sans raconter certaines de ses "trouvailles". Par exemple, quand il avait 13 ans, je lui dis : imagine que toi et tes enfants puissiez un jour aller dans l'espace comme aujourd'hui nous allons en Europe. Il me répondit en souriant : "L'espace ne m'attire pas tellement, on trouve tout sur la Terre."

Une autre fois, en voiture, Michal et moi parlions d'un nouveau livre qui avait suscité un grand intérêt et nous citions des écrivains et des critiques. Uri, qui devait avoir neuf ans, nous interpella de la banquette arrière : "Eh les élitistes, je vous prie de noter que vous avez derrière vous un simplet qui ne comprend rien à ce que vous dites !"

Ou par exemple, Uri qui aimait beaucoup les figues, tenant une figue sèche à la main : "Dis papa, les figues sèches c'est celles qui ont commis un péché dans leur vie antérieure ?"

Ou encore, une fois que j'hésitais à accepter une invitation au Japon : "Comment pourrais-tu refuser ? Tu sais ce que ça veut dire d'habiter le seul pays où il n'y a pas de touristes japonais ?"

Chers amis, dans la nuit de samedi à dimanche à trois heures moins vingt, on a sonné à notre porte et dans l'interphone et un officier s'est annoncé. Je suis allé ouvrir et j'ai pensé ça y est : la vie est finie.

Mais cinq heures après, quand Michal et moi sommes rentrés dans la chambre de Ruti et l'avons réveillée pour lui donner la terrible nouvelle, Ruti, après les premières larmes, a dit : "Mais nous vivrons n'est-ce pas ? Nous vivrons et nous nous promènerons comme avant. Je veux continuer à chanter dans la chorale, à rire comme toujours, à apprendre à jouer de la guitare." Nous l'avons étreinte et nous lui avons dit que nous allions vivre et Ruti a dit aussi : "Quel trio extraordinaire nous étions Yonatan, Uri et moi."

Et c'est vrai que vous êtes extraordinaires. Yonatan, toi et Uri vous n'étiez pas seulement frères, mais amis de coeur et d'âme. Vous aviez un monde à vous, un langage à vous et un humour à vous. Ruti, Uri t'aimait de toute son âme. Avec quelle tendresse il s'adressait à toi. Je me rappelle son dernier coup de téléphone, après avoir exprimé son bonheur qu'un cessez-le-feu ait été proclamé par l'ONU, il a insisté pour te parler. Et tu as pleuré, après. Comme si tu savais déjà.

Notre vie n'est pas finie. Nous avons seulement subi un coup très dur. Nous trouverons la force pour le supporter, en nous-mêmes, dans le fait d'être ensemble, moi, Michal et nos enfants et aussi le grand-père et les grands-mères qui aimaient Uri de tout leur coeur - ils l'appelaient Neshumeh (ma petite âme) - et les oncles, tantes et cousins, et ses nombreux amis de l'école et de l'armée qui nous suivent avec appréhension et affection.

Et nous trouverons la force aussi dans Uri. Il possédait des forces qui nous suffiront pour de nombreuses années. La lumière qu'il projetait - de vie, de vigueur, d'innocence et d'amour - était si intense qu'elle continuera à nous éclairer même après que l'astre qui la produisait s'est éteint. Notre amour, nous avons eu le grand privilège d'être avec toi, merci pour chaque moment où tu as été avec nous.

Papa, maman, Yonatan et Ruti.

© David Grossman



http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-734511,36-804755,0.html
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PostSubject: Re: Lebanon   Lebanon EmptyThu 31 Aug - 16:13

hummmm

une "suite"

Quote :
Rebonds

La paix, c'est autre chose...
Par Pierre MARCELLE
Liberation.fr: Jeudi 31 août 2006 - 06:00

On devrait ne jamais laisser l'émotion imposer les raccourcis de sa bonne volonté.
Ainsi de celui auquel cette chronique, évoquant lors de sa rentrée de lundi la mort de Uri Grossman, se laissa aller...
Elle posait que, David Grossman étant en Israël une conscience pacifiste, son fils l'était mécaniquement.

La réalisatrice franco-israélienne Simone Bitton, qui réalisa notamment le documentaire Mur en 2004, et dont les états de service en la matière parlent pour elle, me fait doucement remarquer que certes, elle aussi fut bouleversée par la mort du gamin.

Et poursuit cependant que, d'être advenue au Liban et à bord d'un char Merkava, «cette mort désolante n'est pas vraiment innocente» . «Des hommes de paix, dit-elle, il y en a en Israël : ceux de l'âge d'Uri, certains de ses camarades de lycée [...] ont refusé de tuer et de mourir [...] pour la destruction du Liban. Ils vont pour cela en prison, sont traînés dans la boue [...]. Il n'est pas juste de galvauder le respect qui leur est dû [...].»


Elle a raison. «Gardons nos larmes, nous n'en aurons pas trop pour tous les anonymes dont les prochaines croisades creusent déjà les fosses communes», conclut-elle. On lui donnera acte bien volontiers que «le piège de l'émotion» est redoutable. Car sur ce point aussi, Simone Bitton a raison.
L'éloge funèbre de Uri, prononcé par David et dont elle me fait parvenir la transcription publiée dans Haaretz , c'est les mots d'un père sur la tombe de son fils, et n'appellent pas d'autre commentaire. On ne devrait jamais prétendre énoncer simplement des choses compliquées. La paix, au Proche-Orient compliqué, l'est tout autant, où le Hezbollah aussi pose des questions compliquées ­ a fortiori s'il se met à faire de la politique (il en fait). Et le désarmer «d'une façon ferme mais amicale», selon le mot amusant du Premier ministre libanais Fouad Siniora, cité par le Monde , ne sera pas non plus chose simple. Même Israël semble en convenir.
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