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 Virilio Paul

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alain
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PostSubject: Virilio Paul   Virilio Paul EmptyMon 2 Jan - 16:18

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Notes de la rubrique "art et littérature":



mardi, 20 décembre 2005

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Week-end

Rencontre
Inventer le train, c'est inventer le déraillement
paul Virilio urbaniste essayiste analyse le passage de l'ère de la guerre froide à celle qu'il nomme de «panique froide». Catastrophe écologique, biologique, technologique, politique... La collectivité vit en permanence et à toute allure, dans l'attente de l'«accident intégral» ou mondial.

Par Anne DIATKINE
samedi 17 décembre 2005

Né en 1932 à Aubervilliers, Paul Virilio est urbaniste essayiste. Autodidacte, il assiste à la Sorbonne aux cours de Jankélévitch et de Merleau-Ponty, à ceux des physiciens De Broglie et René Thom. Les étudiants de l'Ecole spéciale d'architecture font appel à lui après 1968, pour diriger l'école. Il y enseignera pendant trente ans et assurera sa présidence jusqu'à sa retraite. Il se fait connaître en 1974 par une exposition à Beaubourg sur l'archéologie du bunker, mais c'est Vitesse et politique qui installe sa notoriété. Un essai qu'il affine en l'appliquant à divers objets : la ville, le cinéma, la télévision, l'informatique, les cybermondes, la guerre, les catastrophes, et aussi l'art contemporain. Dernier livre paru : l'Art à perte de vue, aux éditions Galilée.



ous dites qu'on est passé de l'ère de la guerre froide à celle de la panique froide. Qu'est-ce que la panique froide ?C'est cette angoisse collective et partagée, où l'on s'évertue à attendre l'inattendu, à prévoir la catastrophe qui par nature surprend toujours. Catastrophe qui peut être naturelle, biologique, technologique, politique. La nouveauté, c'est que désormais, la peur ne touche pas un individu et son objet, mais le fonctionnement du groupe. On vit froidement, tranquillement, avec l'attente d'une attaque terroriste qu'on nous répète inévitable, et apte à se produire n'importe où. On vit depuis quelques mois avec l'attente de la mutation du virus H5N1 qui provoquera une pandémie de la grippe aviaire chez les humains, mutation estimée par les spécialistes tout aussi probable, bien qu'aléatoire. Elle aura lieu, nous dit-on, on ne sait quand, et les responsables politiques et sanitaires organisent des simulations. Cette panique froide débouche sur un état d'inertie : un état de dissuasion civile qui est comparable à la dissuasion militaire entre les nations. C'est un état qui brime toute vitalité intersubjective ! Merleau-Ponty disait : «Obéir les yeux fermés est le commencement de la panique.» L'écran cathodique, qui diffuse les mêmes images partout et nous évite d'aller y voir, clôt nos yeux en les fixant sur les mêmes images.

Les «émeutes» actuelles ne constituent-elles pas un contre-exemple à cette inertie ?

La première des discriminations, c'est de parler des banlieues comme si elles ne faisaient pas partie de la ville. L'éminence d'une catastrophe chasse l'autre, au galop. On passe de la grippe aviaire à la grippe «viaire», mais avec la même inertie de réception. En 1849, jusqu'à son dernier souffle, Victor Hugo écrivait Choses vues. Qu'est-ce que les Parisiens voient de ce qui se passe derrière le périphérique, à 3 kilomètres du centre-ville ? Quel que soit l'événement, la distance est annulée et nous parvient par le même filtre. Or celui-ci n'est jamais neutre. L'inertie de la réception, c'est la délégation de son propre regard. Aujourd'hui, on vit la fin de la trame «viaire», c'est-à-dire du contact avec le sol, la route, la rue, au profit d'une perception survolée et lointaine : celle des hélicoptères qui survolent la ville, ou des voitures qui passent à toute vitesse, sur une autoroute. On ne perçoit plus qu'à distance, c'est-à-dire de haut ou de loin. Les pouvoirs jouent la dissuasion pour que les gens restent chez eux. Chacun va se prémunir encore plus contre des agressions possibles. Les ghettos, qu'ils soient de pauvres ou de riches, ne cessent de se fortifier. On compare les révoltes actuelles à Mai 68. Mais, en Mai 68, les gens descendaient dans la rue. Les intellectuels allaient dans les usines, des lieux de débats étaient créés un peu partout. Aujourd'hui, on débat chez soi, dans son salon, à propos des mêmes images !

Mais les gens ne sont pas naïfs, ils savent bien qu'ils reçoivent des images...

Oui, mais ils oublient qu'elles suscitent une synchronisation de leurs émotions. On est tous bouleversés au même moment par le tsunami. Il s'agit ensuite de juguler cette émotion. Administrer la peur pour gérer la sécurité ou la paix civile, ou inversement administrer la peur pour gagner la guerre civile. Voilà bien la préoccupation de tous les gouvernements. Depuis les attentats du 11 septembre perpétrés contre le World Trade Center, et la répétition en boucle du film des tours dévastées sur toutes les télévisions du monde, est apparue une communauté d'émotions qui remplace la communauté d'intérêts. Cette communauté d'émotions est très efficace pour liquider le socialisme. Elle joue sur la possibilité d'une peur contagieuse. Les émotions sont manipulables. Quand on n'est pas certain des opinions politiques d'une population, on peut toujours jouer sur la fibre émotionnelle. Lorsque l'opinion publique cède la place à l'émotion publique, on est dans l'hallucination collective : un phénomène de transe. Dans ce contexte, les accidents électoraux se multiplient : que ce soit en Allemagne avec Angela Merkel, en France avec la présence de Le Pen au second tour des présidentielles, et même aux Etats-Unis avec Bush. Prenons l'accident électoral du 21 avril 2002. C'était tout à fait émouvant, ces manifestations... Mais contre quoi ? L'élection de Chirac n'a pas été un modèle de démocratie. Elle a été un modèle d'émotion.

A quoi sert la panique froide ?

Elle remplace l'attente. Au siècle dernier, jusqu'à la destruction du mur de Berlin, les populations avaient des attentes collectives : on a vécu avec comme horizon une guerre mondiale, puis on a attendu le grand soir, la révolution. Depuis une dizaine d'années, c'est le grand accident, la catastrophe, qu'on guette. Il n'est pas étonnant que le mouvement écologique oscille entre plusieurs familles politiques, car il est le parti de cette attente, qui n'est ni de droite ni de gauche. On est entré dans l'ère de l'accident intégral, c'est-à-dire de l'accident mondial qui se dissémine et en provoque d'autres en cascade. Comparons la catastrophe du Titanic en 1912, à celle de Tchernobyl, en 1986, et à celle du World Trade Center. L'ampleur de la catastrophe est de moins en moins localisable. De plus, chaque événement catastrophique constitue un test grandeur nature pour administrer cette émotion et comprendre ce qu'on peut en tirer. A titre d'exemple, plusieurs études ont été faites sur l'impact de l'émotion créée par le tsunami, à Noël dernier. Impact positif bien sûr. Les gens se sont mobilisés alors que le tremblement de terre au Pakistan ne suscite pas de dons.

Dans ce contexte de panique froide, en quoi l'éventuelle pandémie de grippe aviaire est-elle particulière ?

Elle s'accroche massivement au principe de précaution, développé depuis une dizaine d'années. C'est la première fois que ce principe s'applique mondialement à un quelque chose qui n'existe pas, mais qui pourrait exister ! Pour combattre ce virus virtuel et administrer la peur, les gouvernements sont obligés de dépenser des sommes conséquentes, en achetant des stocks de médicaments, dont ils reconnaissent l'inefficacité probable. On attend ce virus de pied ferme pour pouvoir mettre au point un vaccin réel. Au point que, lorsqu'il y aura un nombre de morts suffisant, on sera rassuré de ne pas lutter contre une chimère. Rassuré que la tragédie soit réelle. Imaginez que l'ouverture des camps nous ait rassurés sur le nazisme ! La possibilité de cette pandémie met en cause jusqu'à l'absurde le principe de précaution, utilisé comme moyen de conditionnement. D'ailleurs, ses limites sont floues. Où commence la prudence ? Autant le principe de responsabilité renvoie à une réalité, autant celui de précaution me semble opaque et variable.

Avec la peur de la grippe aviaire, les consommateurs seraient conditionnés contre quoi ou qui ?

«La guerre ne commence pas par des coups de canons, disait Clausewitz. Elle commence lorsqu'on nomme l'ennemi.» Or la grippe aviaire a un point de départ. C'est l'Asie. Derrière le Sras et tous les problèmes liés à la suprématie démographique et économique de la Chine, il y a la désignation d'un ennemi. La guerre froide, c'est l'ennemi à l'est. La panique froide, c'est l'ennemi à l'extrême est. Avec la grippe aviaire et l'utilisation du principe de précaution mis en oeuvre à cette échelle et aussi rapidement, on nous prépare à l'animosité contre cet ennemi. Je vous rappelle qu'il y a trois systèmes d'armes. Les armes d'obstruction : les remparts, les cuirasses. Les armes de destruction : la poudre, les canons, jusqu'à l'énergie atomique si puissante qu'on ne peut l'utiliser. Et les armes de communication et d'information : les espions, la propagande. Aujourd'hui, avec la globalisation de l'information, les armes de communication ont supplanté les armes de dissuasion militaire. Les deux guerres du Golfe ont été des guerres du mensonge. Toute manipulation du principe de précaution est une arme. Une arme de conditionnement. Le plus grave, ce n'est pas qu'on tue des poulets. Mais qu'on conditionne des comportements.

Jusqu'à présent, personne n'accuse le continent asiatique d'être responsable de la grippe aviaire. Ne craignez-vous pas d'être taxé de paranoïaque ?

Si je l'étais, non seulement j'aurais raison, mais je prendrais mal votre question ! On me reproche souvent de ne m'intéresser qu'aux accidents. Non, je ne m'intéresse qu'à la vitesse. Inventer le train, c'est inventer le déraillement. Inventer l'avion, c'est inventer le crash. Inventer l'arme atomique, c'est inventer la prolifération nucléaire. Autrement dit, la vitesse est un progrès. Mais également un progrès de la catastrophe. En 1914, Freud écrivait : «L'accumulation met fin à l'impression de hasard.» De même, à l'échelle du monde. L'accumulation des catastrophes en tout genre doit nous obliger à prendre l'accident au sérieux. L'accident n'a rien d'accidentel ! Il est induit par le progrès et change de nature en même temps que lui. De même qu'on se prémunit par des freins et des systèmes de sécurité automatiques, de même on doit veiller aux excès de la vitesse virtuelle. Bulle immobilière qui explose, et dont le Japon se remet à peine depuis vingt ans. Si le marché de Wall Street s'effondre, ce sont toutes les Bourses du monde qui dégringolent, ce qui rendrait tout à fait anecdotique le crash de 1927. Ce n'est pas seulement l'histoire qui s'est accélérée, ainsi que l'avait pensé l'essayiste Daniel Halevi, mais la réalité.

Qu'appelez-vous l'accélération de la réalité ?

Quelle que soit la cellule observée, rien ne tient. La colle est de mauvaise qualité. Un couple du XXIe siècle vit en cinq ans ce qu'il aurait éprouvé en trente ans au XIXe siècle. Ce n'est pas un problème de vertu, mais de rythme. Un couple d'aujourd'hui est aussi infidèle qu'il y a deux siècles, mais beaucoup plus rapidement. L'accélération dissout les liens. On peut analyser de même la crise de l'habitat. Dans les années 50-60, une famille déménageait en moyenne tous les dix ans. Dans les années 80, le taux de rotation était de cinq ans. Lorsqu'on a détruit les Minguettes, c'était devenu des sortes d'hôtels : les gens y restaient en moyenne deux ans. Ce qui ne favorise pas l'installation. Le rapport au réel est devenu beaucoup trop rapide pour que la cohésion, la soudure tiennent. Les événements sociaux, familiaux deviennent des accidents de la circulation sociale et familiale.


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